Madagascar Ile Verte ? C’est possible, à huit conditions

Lettre ouverte parue dans l’Express de Madagascar le 25 janvier 2020

Le Président de la République est porteur d’une grande ambition : recouvrir Madagascar de forêts et transformer l’île rouge en île verte. Le cap a été donné par une Communication adoptée le 27 février 2019 en Conseil des Ministres. En faisant du 19 janvier 2020 une journée nationale de lancement du reboisement marquée notamment par la plantation de 1,2 million d’arbres dans la région d’Analamanga, le Gouvernement a donné un signal fort d’une mobilisation destinée à se poursuivre. Cet élan est remarquable, il doit être reconnu et salué. Il confirme avec force les engagements pris par Madagascar de restaurer 4 millions d’hectares de terres dégradées et de forêts d’ici 2030, et s’inscrit parfaitement dans la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

Cette priorité nationale n’est pas seulement justifiée, c’est un défi existentiel. Celui qui survole Madagascar en avion peut constater que l’île présente aujourd’hui de très vastes paysages dénudés, presque totalement improductifs et en voie de désertification. Dans un pays où 80% de la population est rurale et dépend du secteur primaire, cette dévastation est un immense facteur de pauvreté et sape les bases d’un développement durable et inclusif. Ainsi, le recul continu des forêts est un facteur essentiel de l’affaiblissement du pays depuis des décennies.

La situation risque de s’aggraver. Déjà, certaines forêts primaires, telle la forêt sèche du Menabe Antimena, sont menacées de disparaître. La population de Madagascar va doubler dans les 25 prochaines années, augmentant la pression sur l’environnement et notamment sur les forêts. Les effets de la crise climatique vont également s’amplifier, avec des risques de désertification accélérée, d’incendies plus violents, d’inondations dévastatrices, déjà constatés dans de nombreuses régions de par le monde.

Pour protéger le pays, il est impératif de réaliser la vision du Président de la République et de renverser la tendance. Immense défi, mais aussi immense opportunité. Verdir Madagascar permettra de réduire la pauvreté, de développer une économie forestière, d’assurer un approvisionnement durable en bois énergie, de maîtriser l’érosion, de rétablir la fertilité des sols, d’assurer une ressource en eau plus abondante et régulière, d’atténuer les inondations, de maintenir et restaurer les aires protégées et la biodiversité, de renforcer l’écotourisme, et d’atténuer le changement climatique. Cet effort national renforcera la confiance en la nation, améliorera l’image internationale du pays, et surtout offrira un meilleur cadre de vie à des millions de personnes.

Tous les ingrédients semblent être là : volonté politique, qualité et diversité des acteurs, technologies nouvelles pour le suivi et la gestion des forêts, financements mobilisables. Le défi est désormais d’y arriver ensemble, en mobilisant toutes les capacités selon une vision commune, un plan d’exécution partagé, et des résultats probants pour le pays. Comment?

8 conditions incontournables pour réussir

Première condition : sensibiliser et engager les populations. Le partage mutuel des savoirs entre acteurs et communautés est essentiel pour que chacun comprenne l’intérêt vital de maintenir et restaurer les fonctions écologiques de la forêt et des paysages. C’est ainsi que les communautés s’engageront volontairement dans la protection des forêts et dans les efforts de plantation et d’entretien des plants, pour elles-mêmes et pour leurs enfants. L’élan national doit être participatif, avec des solutions que la population puisse aisément soutenir et contribuer à mettre en oeuvre. Une attention particulière doit être portée à la jeunesse, et à l’engagement équilibré des femmes et des hommes. Cette acceptation sociale est fondamentale. De nombreux acteurs de la société civile, du secteur privé et des médias ont de l’expérience en la matière et peuvent assister l’État pour atteindre cet objectif.

Deuxième condition : répondre à la pauvreté. Le bien-être de la population devrait être au centre de la préoccupation des dirigeants et de tous les acteurs, notamment à travers la mise en oeuvre de la Stratégie Nationale de Restauration des Paysages et des Forêts (RPF). Celle-ci inclut une approche économique incitative : renforcement des droits d’usage pour motiver les communautés, gestion rationnelle des ressources forestières, promotion des activités agricoles, développement des chaînes de valeur forestières, agricoles et agro-forestières. Par exemple, le reboisement en essences indigènes dans les aires protégées peut être combiné avec la plantation massive d’arbres de rente (fruits, cannelle, cacao, raphia, bois énergie, bois d’oeuvre, etc.) en dehors de ces aires. Il faut créer des incitations, y compris foncières, pour encourager la population et le secteur privé à investir. Il faut aussi mettre en oeuvre la Stratégie Nationale Bois Énergie, qui prévoit le développement d’une filière de charbon de bois durable, la généralisation des foyers économes, et le développement de sources d’énergie alternatives.

Troisième condition : faire respecter la loi. Il est impossible de gérer un bien commun sans fixer des règles et les faire appliquer. L’État doit lutter avec objectivité, acharnement et transparence contre la corruption et les trafics, et pour le respect de toutes les lois attenant à l’environnement, aux aires protégées et aux ressources naturelles, dont les forêts terrestres et les mangroves. Les plans de planification territoriale doivent aussi être respectés.

Quatrième condition : protéger les forêts existantes. Reboiser sans protéger les forêts existantes serait une course perdue d’avance, et la surface forestière nette continuerait à décroître chaque année. De plus, les forêts primaires de Madagascar abritent un patrimoine unique et très menacé qu’il faut protéger d’urgence, dont 11 000 espèces de plantes endémiques et plus de 100 espèces de lémuriens. L’Etat doit renforcer ses capacités humaines et matérielles à protéger les forêts et à lutter contre les feux. Enfin, le reboisement doit respecter la biodiversité : il doit privilégier autant que possible les essences indigènes, et les arbres réputés invasifs ne doivent jamais être plantés à proximité des forêts naturelles. 

Cinquième condition : l’échelle. “Couvrir Madagascar de forêts” est un défi d’une échelle sans précédent dans l’histoire du pays, qui nécessite une stratégie très solide, soutenue par les acteurs malagasy et les bailleurs de fonds avec des objectifs à 5, 10 et 30 ans. Il ne peut y avoir de protection durable des forêts existantes sans restauration et reboisement massifs du reste du pays, seule façon de répondre aux besoins d’une population croissante sans compromettre les forêts primaires. La restauration des paysages et des forêts doit être basée sur des plans d’aménagement et de gestion des paysages ambitieux, qui intègrent une prise en compte des différents secteurs économiques, une analyse des obstacles fonciers et une amélioration de l’accès à la propriété foncière.

Sixième condition : la durabilité. Par nature, la restauration des paysages et des forêts est le domaine du temps long. Il faut impérativement prévoir pour chaque reboisement un suivi du taux de survie, un entretien périodique et une évaluation. L’ensemble du secteur forestier doit également être durable, ce qui implique une bonne complémentarité entre l’État qui fixe le cap, les règles et les incitations, et le secteur privé qui a un rôle clé à jouer dans la gestion de la filière. La production durable de bois a un grand potentiel pour fournir des revenus et des emplois aux populations locales, et son renforcement doit être une priorité.

Septième condition : prendre en compte la crise climatique. Il est essentiel pour l’avenir de prendre en compte la science du climat et de choisir des essences d’arbres qui soient les plus adaptées et résilientes possible face à l’élévation des températures et aux risques d’incendies, et les plus à même d’atténuer les effets de la crise climatique sur les communautés. Le reboisement doit également être le plus diversifié possible pour répondre aux changements dont la nature et l’intensité sont difficiles à prévoir au niveau local.

Huitième condition : mobiliser l’intelligence collective. Ayant fixé le cap, les responsables politiques ont maintenant l’opportunité de travailler avec les acteurs publics, associatifs et privés qui ont l’expérience, la créativité et les moyens d’action nécessaires pour remplir ces conditions. Il existe un très grand potentiel de collaboration multi-acteurs, et de nombreuses bonnes pratiques à identifier et à développer à grande échelle.

Suite à la mobilisation du 19 janvier, l’État a les cartes en main pour consolider l’élan national, en s’appuyant sur ses propres techniciens de référence et en consultant, fédérant et responsabilisant tous les acteurs autour d’une stratégie consensuelle. Cette stratégie doit être fondée sur des principes communs, des critères de performance et des mesures de suivi et d’évaluation. Elle facilitera une action efficace et durable, et convaincra les bailleurs de fonds qui l’attendent pour libérer les moyens financiers adaptés à l’ampleur du défi. Elle permettra à l’Etat de faciliter une mise en oeuvre cohérente aux niveaux national, régional et local.

Nous savons ce qu’il nous reste à faire. Ces huit conditions du succès sont à la portée de Madagascar. Signataires de cette lettre ouverte, nous nous engageons à aider le Président, le Gouvernement et tous les acteurs concernés à réussir le pari Madagascar Île Verte, au service du bien-être de la population, et à en faire un programme de référence mondialement reconnu.

Lettre ouverte coordonnée par INDRI, l’Initiative pour le Développement, la Restauration écologique et l’Innovation (www.indri.solutions)

Signataires, par ordre alphabétique :

Noro Andriamamonjiarison

Laurencia Idealisoa Andriamparamasy
11 ans, scoute Fanilo à l’ECAR « Fo Masin’i Jesoa », engagée pour le reboisement à Antsiranana

Christian Andriantiana Assomany
Consultant, Porteur du projet Tree4Life

Luc Arnaud
Directeur Général du GRET

Christian Burren
Forestier, expert en gestion des ressources naturelles

Christian Camara
Représentant permanent du Programme de Recherche et de Conservation de la Nature à Madagascar, Missouri Botanical Garden

Emmanuel Cotsoyannis
Directeur Général du fonds Miarakap

Jean-Luc Dama
Président du Groupement des Exportateurs de Girofle de Madagascar – GEGM

Frédéric Debouche
Président de l’ONG Graine de Vie

Hermany Emoantra
Président National du réseau MIHARI

Gaëtan Etancelin
Président National du Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique – SYMABIO

Claude Fanohiza

Directeur Exécutif de la Fondation Tany Meva, PCA d’INDRI – Initiative pour le Développement, la Restauration écologique et l’Innovation

Amiraly Hassim 
Président du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM)

Georges Geerarts
Président du Groupement des Exportateurs de Vanille de Madagascar – GEVM

Marie-Christina Kolo
Coordinatrice de Green N Kool et responsable plaidoyer du Réseau Climat Océan Indien

Adrian Levrel
Directeur Pays du bureau d’études INSUCO

Richard Lewis
Madagascar Programme Director, Durrell

Lauréat Mandresilahatra
Représentant Pays, association Coeur de Forêt 

François-Xavier Mayer
Administrateur de la Confédération du Tourisme de Madagascar et Responsable Scientifique de l’ONG Cétamada

Jean-Jacques Meunier
Aga Khan Foundation – Madagascar CEO  

Jean-Philippe Palasi
Directeur Exécutif d’INDRI – Initiative pour le Développement, la Restauration Écologique et l’Innovation

Karine Rabefarita
Communicante, co-fondatrice de l’agence Solutio et de l’agence Dujardin Delacour & Cie

Erwan Rabenevanana
Fondateur, The Dry Forest Initiative

Ketakandriana Rafitoson 
Directrice Exécutive de Transparency International – Initiative Madagascar 

Julien Noël Rakotoarisoa
Point Focal National pour la Restauration des Paysages et des Forêts, Ministère de l’Environnement et du Développement Durable

Lanto Rakotoarisoa
Président du Groupement des Entreprises Franches et Partenaires – GEFP

Liva Raharijaona
Directeur Exécutif de la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar

Marie-Jeanne Raherilalao
Enseignant-chercheur à l’Université d’Antananarivo et membre fondateur de l’association Vahatra

Serge Rajaobelina
Président de l’ONG Fanamby

Fredy Rajaonera
Directeur Général Adjoint de la Chocolaterie Robert (Groupe Ramanandraibe) et PCA du fonds Miarakap

Sahondra Rajoelina
Directrice Pays de Conservation International

Mamy Rakotoarijaona
Directeur Général de Madagascar National Parks

Jean-Chrysostome Rakotoary
Ancien Directeur Général de l’ONE (Office National de l’Environnement)

Tovondriaka Rakotobe
Représentant à Madagascar de l’association Nitidae

Sanda Anjara Rakotomalala
Co-coordinatrice responsable du plaidoyer, Malagasy Youth Biodiversity Network

Olivier Rakotoson 
Président du Groupement des Exportateurs des Huiles Essentielles, Extraits et Oléorésines de Madagascar – GEHEM

Barijaona Ramaholimihaso
Conseiller du Directeur Général, Banque BNI Madagascar

Madeleine Ramaholimihaso
Présidente de Association pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar (APEM)
Présidente d’honneur de l’Ordre des Experts Comptables et Financiers de Madagascar
Fondatrice et Présidente d’honneur du KMF-CNOE

Bruno Salomon Ramamonjisoa
Enseignant Chercheur, Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo

Guy-Suzon Ramangason
Ancien Directeur Général de Madagascar National Parks

Gérard Rambeloarisoa
Forestier, Ancien Directeur Exécutif de la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar

Sandrina Randriamananjara Andriamanjato
Secrétaire Exécutive de Association des Professionnels de l’Urbain de Madagascar

Max Fontaine Randrianarisoa
Directeur de Bôndy

Aimé Rasamison
Directeur Gérant de Biodev Madagascar Consulting

Lovy Rasolofomanana
Directeur Pays, Wildlife Conservation Society

Nanie Ratsifandrihamanana
Directrice Pays, WWF Madagascar

Jonah Ratsimbazafy
Président du Groupe d’Etudes et de Recherche sur les Primates de Madagascar (GERP)

Hanitrarivo Rasoanaivo
Présidente de l’Association OP500 Environnement et Société 

Mbolatiana Raveloarimisa
Fondatrice de Wake Up Madagascar
Secrétaire Exécutive de la Coalition des Radios

Ndranto Razakamanarina
Président de l’Alliance Voahary Gasy

Andrinavalomanana Razafiarison
Président National, Fivondronan’ny Mpandraharaha Malagasy – FIV.MPA.MA

Louis de Gonzague Razafimanandraibe
Président National du TAFO MIHAAVO, Réseau des communautés gestionnaires des ressources naturelles à Madagascar

Lucienne Wilmé
Coordinatrice Nationale, World Resources Institute

Comment(1)

  1. Toky RAVOAVY says:

    C’est avec le plus grand intérêt que j’ai pris connaissance de votre « Lettre ouverte » sur Madagascar. En bonne connaissance du sujet et ayant vécu dans différentes régions de Madagascar tout en participant à des actions et des rencontres stratégiques que je vous fais part en bref mes avis.

    Il est important de voir les expériences du passé pour éviter de refaire les mêmes erreurs tout en gaspillant du temps et de l’argent. La déforestation à Madagascar est connue depuis des décennies, ce ne sont pas les recherches, les publications et les recommandations qui manquent.

    Par civisme et en tant que professionnel dans le milieu de développement rural à Madagascar depuis les années 1990. Je vous avance mes expertises de terrain sur les points clés par rapport à la réflexion d’INDRI.

    Les ingrédients et la volonté sur la sauvegarde de l’environnement et la biodiversité de Madagascar existe depuis des générations.

    Volonté politique :
    Existence de volonté avec signal fort de Madagascar avec parmi la plus vieille législation forestière en Afrique. Le président Ratsiraka a instauré sa vision de République « Humaniste et Ecologiste ». Le président Ravalomanana a réussi à instaurer une vision « Madagascar naturellement » pendant son mandat. Actuellement, Le président Rajoelina a aussi l’ambition de recouvrir Madagascar de forêt, mais le COVID 19 semble s’instaurer comme priorité pour un certain temps.

    Il ne faudrait pas oublier que Madagascar a déjà lancé une politique TRÈS AMBITIEUSE au début de 1990 et présenté comme unique dans le monde du Plan d’Action Environnementale (PAE) en trois phases avec une centaine de million de dollar chaque fois (reste encore en tirer le bilan financier / efficacité). A son lancement, le PAE a été présenté comme un programme de référence mondial.

    Pour rappel, la présentation du PAE : Conscient des problèmes de dégradation accrue de l’environnement et la perte de biodiversité liée à la situation économique et la pauvreté, le gouvernement de Madagascar a élaboré son Plan National d’Action Environnemental (PNAE), en 1989, avec l’appui de la Banque Mondiale, des agences internationales et d’organisations non gouvernementales. La Charte de l’Environnement adoptée sous forme de loi d’Etat, la loi 90-033 qui constitue le cadre général d’exécution de la Politique Nationale de l’Environnement et comporte les objectifs visés, la stratégie à mettre en œuvre et les trois Programmes Environnementaux quinquennaux à réaliser sur 15 ans (réalisé en 30 ans). Ces différentes dispositions institutionnelles expriment clairement le lien entre la protection de l’environnement et le développement économique du pays. Et le fait de renverser la  » spirale de dégradation  » de l’environnement devrait bénéficier principalement aux populations les plus démunies tout en préservant l’exceptionnelle richesse en Biodiversité. »

    Le renforcement des institutions publiques adéquates (pas de créer de nouvelles structures / organisations très vulnérables dans le temps, ne pouvant pas survivre) est vital pour les ambitions environnementales et non sur la volonté d’un seul homme même s’il est le président de la république.

    Qualité et diversité des acteurs :
    En 30 ans de PAE avec plus de 150 experts nationaux et internationaux et des réunions de consultations dans tout le pays rendant Madagascar au niveau international comme le pays de réunionites.

    Technologies nouvelles pour le suivi et la gestion des forêts :
    30 ans de toutes les innovations d’approche et de technologie

    Financements mobilisables :
    Prêt (dette des générations futures de malgache), dons, dette-nature, fondations…il faudrait faire une transparence des fonds dépensés à capitalisation (estimés à 300 millions de dollar depuis 30 ans)

    Technique de reboisement : que devient SNGF (recherche et productions de graines) ? Qui lutte contre cette maladie des Eucalyptus envahissant sur la seule espèce facile pour le reboisement à Madagascar ? Où sont les pépinières à grande échelle ? Situation des projets de reboisement comme ASA dans la région d’Analamanga ?


    Lutte contre l’érosion :
    Que deviennent les projets de lutte contre l’érosion ? Où sont les actions en agro foresterie ?

    Lutte contre la pauvreté :
    Rien n’a changé, où peut-être s’est empiré du cadre de vie des populations des zones forestières avec une population en survie des moyens de subsistance des ressources forestières comme le bois de rose ou le palissandre. Le cas de la dégradation/disparition de la couverture forestière du Menabe mérite de faire une étude de cas. Depuis les années 2000, l’ONG Fanamby est parmi les leads de sa protection. La population sans alternative continue la déforestation pour planter du maïs pour survivre / se nourrir. Elle s’ajoute avec les paysans ne pouvant plus cultiver du riz avec le manque d’eau.

    Bilan : Certains agents de terrain constatent (prouvé par les chiffres) que la déforestation a été juste ralenti pendant les 3 programmes environnementaux du PAE. Depuis son arrêt, le taux de déforestation reprend son taux d’avant. Et elle s’est aggravée pendant la crise politique de 2009.

    Une politique de reboisement n’est donc pas seulement une Vision ou une sémantique / appellation. Mais nécessite des organismes publiques durables avec du personnel compétent, permanent, engagé et rémunéré comme il se doit. Il faut mettre après les moyens (techniques, logistiques et financiers) pour des recherches & actions dans le domaine de la foresterie allant à l’aménagement du territoire (pour éviter de planter dans des zones vouées à des cultures agricoles), le choix des espèces (éviter la dégénération des graines et fruits/bois d’œuvre), la plantation et l’entretien pour des décennies. Tout en protégeant le peu de forêt qui reste tout en répondant à la demande de Bois-Energie au niveau national en interdisant sans discussion ou exception (impératif) l’exportation de bois (fini/transformé ou pas fini, mort ou vivant) quel que soit la raison.

    Il faut arrêter de diffuser aux populations locales avec une vision de court terme l’idée que le reboisement réduit la pauvreté. La foresterie doit être faite par des professionnels ou des salariés en permanence. Peut-être l’agro-foresterie (économiquement, rien de prouver) pouvant réduire la pauvreté mais avec une adéquation surface / investissement. Actuellement, il n’y aucune politique de sécurisation foncière en considérant la nécessité de faire du démembrement / remembrement des terrains pour assurer / garantir le retour sur dépense / investissement.

    Par rapport aux ides des 8 conditions incontournables pour réussir (Remarque : pas sûr, ces conditions sont les seules et dans cet ordre)

    Première condition : sensibiliser et engager les populations.
    Il faudrait d’abord capitaliser les expériences en Information / Education & Communication sur la thématique environnementale avec les fonds déjà dépenses depuis des générations dans tout Madagascar. « Savoir » les effets négatifs sur l’environnement, ne veut pas dire que les gens s’engagent à protéger l’environnement. Il suffit de voir les gens bien instruits dans les grandes villes.

    Deuxième condition : répondre à la pauvreté.
    Environ 80% des Malagasy vivent en milieu rural dans le secteur informel dans la survie au jour le jour. Il faut se concentrer et prioriser les efforts sur les moyens de subsistance et profiter du COVID 19 pour valoriser (qualité, quantité et prix équitable) les produits locaux. Il faudrait créer la compétence dans tout le pays (filières produits forestiers non ligneuses surtout, agriculture, élevage et agro-forestières.) et des outils low-tech

    Troisième condition : faire respecter la loi.
    Il est impossible de gérer un bien commun sans fixer des règles et les faire appliquer. L’État doit lutter avec objectivité, acharnement et transparence contre la corruption et les trafics, et pour le respect de toutes les lois environnementales et même au-delà (bonnes pratiques), protections strictes des aires protégées.

    Quatrième condition : protéger les forêts existantes.
    Y a-t-il une volonté des autorités d’être sans complaisance sur les délits environnementaux ? Sinon c’est contradictoire du discours de volonté de verdir Madagascar. Sinon, la bibliographie est tellement nombreuse (dès fois répétitive) sur la biodiversité de Madagascar et les recommandations.

    Cinquième condition : l’échelle.
    Les objectifs dans le temps de PAE étaient très ambitieux. Il faut capitaliser et faire un constat de l’Etat actuel pour éviter de refaire les mêmes erreurs, même si on change les terminologies.

    Sixième condition : la durabilité.
    La foresterie est comme l’agriculture nécessitant des moyens adéquats (ressources humaines permanente, savoir-faire, outils, intrants, semences, suivi entretien…)… et non des sorties pic nic ou une obligation professionnelle ponctuelle.

    Septième condition : prendre en compte la crise climatique.
    En foresterie ou reboisement, c’est purement une question technique nécessitant des compétences adéquates en permanence pour chaque type de milieu ou écosystème. Rien de nouveau

    Huitième condition : mobiliser l’intelligence collective.
    Il faut surtout des savoir-faire technique et des agents de terrain qui sont payés décemment pour faire le travail de foresterie ou reboisement. « Mobiliser » ce serait comment utiliser à bon escient (bonne gouvernance) le peu de financement (Public, Privé, fonds carbone, fondations, dons…) existant en sachant qu’il y a très peu de chance que Madagascar sera élu à nouveau au niveau international avec un nouveau PAE Bis de 30 ans. Mais il faut un lead fort et pérenne.

    Pour le moment, les conditions ont connait depuis des décennies et surement à la portée de Madagascar.

    Signataires de cette lettre ouverte, nous nous engageons à aider le Président, le Gouvernement et tous les acteurs concernés à réussir le pari Madagascar Île Verte, au service du bien-être de la population, et à en faire un programme de référence mondialement reconnu.

    Humainement et Ecologiquement Vôtre.
    Pour en discuter ou détailler, je reste disponible avec le temps disponible actuellement
    Toky,
    ravoavytoky@yahoo.fr

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