L’Afrique est le continent qui offre les meilleures possibilités de restauration des paysages. Il faut les saisir et investir dans la restauration du capital naturel de l’Afrique afin d’accroître la richesse et de réduire la pauvreté.

Paola Agostini, Chef de file de la Banque Mondiale pour les forêts, les paysages et les écosystèmes

Un enjeu vital pour Madagascar

Madagascar peut stopper la déforestation, mais aussi convertir une grande part de ses terres dégradées en forêts et paysages agricoles fertiles, permettant ainsi de soutenir l’émergence, de lutter contre la pauvreté et le changement climatique, et de protéger la biodiversité.

Les autorités de Madagascar en on fait une priorité : l’île rouge doit redevenir l’île verte. Madagascar perd environ 400.000 ha de forêts par an et il est temps de passer d’une approche défensive (« sauver les dernières forêts ») à une stratégie offensive (« reverdir le pays »).

Le pays s’est également engagé au sein de l’Initiative de Restauration des Paysages Forestiers en Afrique (AFR 100) qui prévoit 100 millions d’hectares restaurés d’ici à 2030, dont 4 millions à Madagascar.

Le but du projet Agora des Paysages et des Forêts est d’aider l’ensemble des acteurs concernés dans le pays à réussir cette grande ambition.

Stimuler l’intelligence collective pour réussir

L’Agora sera un espace de collaboration innovant entre tous les acteurs concernés à Madagascar. Elle sera composée d’un Conseil, décisionnaire et resserré, et d’une Assemblée qui sera fréquemment consultée et intégrera l’ensemble des autres parties prenantes.

Avec l’aide de notre partenaire Dreamocracy, cette plate-forme mettra en oeuvre des techniques de mobilisation de l’intelligence collective innovantes et nouvelles à Madagascar. Ce processus de réflexion créative et systémique sera facilité par INDRI. L’objectif est qu’il débouche sur une vision partagée et une mise en oeuvre coordonnée.

Pourquoi cette approche est nécessaire ?

La prise de conscience de l’importance de préserver les forêts malgaches est ancienne. Mais malgré tous les efforts entrepris à ce jour, il est à craindre que plus aucune forêt originelle ne subsiste en 2040. Quelque chose ne fonctionne donc pas, malgré les volontés affichées, la conscience du problème, la masse de connaissances et d’expérience acquises, la variété des acteurs engagés et les financements mobilisés.

Cette fois, il peut en être autrement. Il existe aujourd’hui une fenêtre d’opportunité historique, avec :

Une volonté politique

Les autorités portent une vision “Madagascar Ile Verte” renouvelée et ambitieuse.

Des technologies nouvelles

Des solutions existent pour le charbon vert, les énergies alternatives, la surveillance des forêts.

Des financements disponibles

Les bailleurs internationaux sont plus mobilisés que jamais pour la protection des forêts et le reboisement, en particulier au titre du climat

Une société civile mobilisée

Ces dix dernières années ont vu l’émergence de réseaux citoyens mieux structurés et plus actifs sur ces enjeux, notamment au sein de la jeunesse.

Des acteurs de qualité

Madagascar dispose aujourd’hui de plus d’acteurs publics et privés engagés sur la gestion des paysages et des forêts que la plupart des pays comparables.

Un vaste savoir à valoriser

Les parties prenantes possèdent aujourd’hui des retours d’expérience considérables qui constituent une base de travail extraordinaire à mettre en commun et à valoriser.

Le pays dispose donc de tous les ingrédients pour réussir le reverdissement national. S’il échoue, ce ne sera ni par manque de moyens, ni par manque d’acteurs ou d’expertise, mais à cause d’un éparpillement des actions. Il est vital que toutes les parties prenantes concernées travaillent de concert et se donnent un cap réellement collectif. C’est l’objectif de l’Agora des Paysages et des Forêts de Madagascar.

Susciter un mouvement profond et durable

Madagascar a tout pour réussir le redressement de ses paysages terrestres. Pour y parvenir, les acteurs rassemblés au sein de l’Agora auront pour mission d’aider le pays à :

Traduire l’ambition en feuille de route collective entre acteurs (administrations, société civile, ONGs, scientifiques, secteur privé, bailleurs) pour qu’ils s’approprient la vision et s’inscrivent dans une approche commune avec des échéances, des succès visibles et réguliers, et des moyens de vérification.

Coordonner les actions, en appui aux autorités, pour lier développement agricole, protection des forêts et reboisement, en évitant les approches “en silo” et en permettant une plus grande efficacité.

Associer la société civile et les populations à ce défi national, pour que le mouvement leur profite, bénéficie d’un soutien populaire et soit durable.

Mobiliser des ressources financières nationales et internationales à la hauteur de la hauteur des ambitions de reverdissement du pays.

Des objectifs ambitieux pour renverser la tendance

Les cibles chiffrées seront à définir par les acteurs au sein de l’Agora. En tant que secrétariat de l’Agora, INDRI proposera des objectifs très ambitieux, par exemple :

  • L’arrêt complet de toute déforestation dans les aires protégées d’ici 2025.
  • Le reboisement qualitatif et pérenne de 200.000 hectares chaque année de 2021 à 2030.
  • La restauration de 200.000 hectares par an pour l’agro-foresterie et le développement agricole.

En fixant des objectifs ambitieux et en mobilisant tous les acteurs pour leur mise en oeuvre, Madagascar peut devenir un exemple d’une nation qui a su renverser la tendance écologique. Les bénéfices seront considérables pour l’environnement, la biodiversité et l’agriculture, mais aussi pour la confiance des acteurs, l’attractivité de Madagascar, la lutte contre la pauvreté, le développement du pays et la stabilité politique.